D.N.A. Alsace
Après le deuil, la solidarité :4.500 euros envoyés au Pérou pour financer du matériel médical.
Julio Miranda habite Lauterbourg depuis 25 ans. Mais le reste de sa famille est resté au Pérou, où son frère est décédé en janvier du Covid-19, dans un pays où les bouteilles d’oxygène comme les places à l’hôpital manquent.
Julio Miranda et son ami Stéphane Frison, de Schleithal, ont récolté 4.500 euros pour l’acquisition de concentrateurs d’oxygène au Pérou.
Stéphane Frison (à gauche) a imaginé une cagnotte solidaire pour financer des concentrateurs d’oxygène. Ils seront prêtés par la famille de Julio Miranda (à droite), qui œuvre pour des causes humanitaires au Pérou, aux plus démunis, durement touchés par le Covid-19. Photo DNA /Léa SCHNEIDER
Julio :
« Tout a commencé fin 2020, début 2021, quand mon frère, resté au Pérou, est tombé malade, retrace Julio Miranda. Il était surveillé chez lui, par un médecin et une infirmière, car il n’y avait pas de place à l’hôpital. Il était stable, jusqu’à un basculement : il lui a alors fallu de l’oxygène.
Mais, avec le Covid-19, les bouteilles d’oxygène se font rares au Pérou.
Le marché noir fonctionne plus que la voie légale, explique Julio Miranda. Grâce à des connaissances, on réussissait à en dégoter une par ci, une par là. Parfois, il ne restait plus que trois heures d’oxygène à mon frère, et on n’avait pas encore trouvé la bouteille suivante… »
Une connaissance leur prête son respirateur personnel, ce qui permet au frère de Julio d’être accepté dans une clinique.
Au Pérou, entrer à l’hôpital peut signifier en sortir ruiné
Mais après une dizaine de jours, le frère de Julio décède du coronavirus, à l’âge de 55 ans.
Julio :
« La clinique nous a réclamé 70 000 euros pour nous rendre le corps. Ils menaçaient de le brûler et de le jeter dans une fosse commune. Pour des gens très croyants comme mes parents, c’était inimaginable. Je les aurais enterrés dans la foulée s’ils n’avaient pas pu offrir de sépulture digne à mon frère » se désole Julio Miranda.
Des négociations « de marchands de tapis » commencent avec la clinique : toute la famille élargie met la main à la poche pour réunir les 20 000 euros finalement réclamés.
Une cagnotte lancée par un ami
Cette histoire a ému l’ami de Julio Miranda, Stéphane Frison, de Schleithal.
« On ne se rend pas compte que là-bas, entrer à l’hôpital peut signifier perdre sa maison, saisie pour rembourser les frais médicaux. Qu’il faut se débrouiller pour trouver de l’oxygène, des respirateurs. »
Il lance alors, avec l’accord de Julio, une cagnotte en ligne pour financer des concentrateurs d’oxygène.
» Ce sont des machines qui permettent de concentrer l’oxygène de l’air ambiant pour en faire de l’oxygène médical » explique Julio Miranda.
La cagnotte marche bien, une cinquantaine de connaissances de Stéphane et Julio y contribuent : en deux semaines, 4 500 euros sont récoltés, qui sont envoyés au Pérou, où la sœur de Julio a une association qui vient en aide aux plus démunis.
» On a de quoi acheter deux concentrateurs d’oxygène, qui seront prêtés à ceux qui en ont besoin. L’un chez ma sœur, à Lima, l’autre chez ma belle-sœur, à Trujillo, d’où je viens » explique Julio Miranda.
» Mourir parce qu’on n’a pas les moyens de se soigner, c’est différent »
La cagnotte est close, mais l’initiative a intéressé l’association Quetzalma, basée à Plobsheim, qui organise des actions de solidarité pour les pays d’Amérique Latine, notamment des distributions de corbeilles à Pâques et Noël.
Plutôt que de relancer une cagnotte, Stéphane Frison et Julio Miranda ont donné l’idée de financer des concentrateurs d’oxygène à la présidente de l’association, Marlène Bapst.
» La cagnotte a redonné un peu d’espoir à mes parents, apprécie Julio Miranda, en permettant d’aider quelqu’un. Parce que, pour eux, mourir lorsqu’on a tout tenté, même si ça fait mal, ça fait partie de la vie. Mais mourir parce qu’il nous aurait fallu un peu d’oxygène, et qu’on n’a pas eu les moyens de se le payer, c’est différent. Si ces concentrateurs ne sauvent ne serait-ce qu’une personne, ce sera déjà bien »
Les dons pour des actions de solidarité au Pérou peuvent être adressés à l’association Quetzalma via son site www.quetzalma.org
ou par chèque à l’ordre de l’association Quetzalma, à envoyer au 21 rue de la Mésange, 67115 Plobsheim.
Contact : quetzalma.org@gmail.com